Le roman vrai de Ninon de Lenclos by Michel de Decker

Le roman vrai de Ninon de Lenclos by Michel de Decker

Auteur:Michel de Decker [Decker, Michel de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2012-06-01T22:00:00+00:00


Le pauvre Isaac de Benserade connut une mort horrible sous les doigts d’un barbier maladroit !

Celui-ci ayant été appelé par le poète pour effectuer la saignée traditionnelle (purgare, saignare !), il fit preuve d’une telle maladresse qu’au lieu de planter sa lancette dans une veine il la ficha gaillardement dans l’artère brachiale. Ne pouvant arrêter l’hémorragie et effrayé par ce qu’il venait de faire, il prit la fuite, laissant le pauvre soupirant de Ninon se vider de tout son sang.

On raconte encore que, le voyant à l’agonie, sa servante lui aurait alors proposé :

— Voulez-vous un peu de bouilli ?

— Pourquoi du bouilli puisque je suis cuit, aurait-il répondu en expirant.

Avant d’être saigné à blanc, Isaac de Benserade avait eu l’insigne honneur de porter l’habit vert des académiciens.

Tout comme l’abbé de Boisrobert.

Mais tout abbé et fondateur de l’Académie qu’il fût, François le Métel de Boisrobert était la bête noire des calotins de la Compagnie du Saint-Sacrement. On lui reprochait de vivre en goinfre, d’être fort déréglé et dissolu, et surtout d’être un intime de « la plus grande gourgandine de Paris ».

Entendez Ninon de Lenclos.

Boisrobert fut chassé loin de Paris et on lui fit savoir qu’il ne serait autorisé à y rentrer que s’il promettait d’y célébrer correctement la messe.

Ninon fut exilée, elle aussi. Sur ordre de la reine mère Anne d’Autriche, qui s’était laissé convaincre par trois enragées diablesses de culs-bénits, à savoir Mme de Vendôme, Mme de Sénecey et la maréchale de Gramont.

Confite en bondieuseries, Marie-Claire de Beaufremont, épouse du marquis de Sénecey et ancienne gouvernante du petit Louis XIV, avait ouvert la charge. Mme de Gramont, dont le mari disait que la vue du diable en personne eût été moins repoussante que la sienne, avait, quant à elle, selon le mot de Tallemant, « attaché le grelot ». Restait la prude Françoise de Lorraine, l’épouse de César de Vendôme, un fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées. Comme elle avait ses entrées auprès d’Anne d’Autriche – qui n’était autre que sa belle-sœur, d’ailleurs ! –, elle n’eut aucune peine à jeter la poudre sur les feux de l’enfer qui étaient destinés à calciner la « grande corrompue ».

Et ces trois argousins en jupons eurent tôt fait de se présenter à la porte de Ninon.

— Vous êtes priée de nous suivre. Nous avons ordre de vous mener aux Madelonnettes !

C’est-à-dire au couvent de la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs !

Situé rue des Fontaines-du-Temple, le couvent des Madelonnettes était un établissement dans lequel les filles perdues, touchées par le doigt de Dieu, avaient coutume de venir se repentir en priant leur sainte patronne, Marie Madeleine. D’autres, nullement disposées à changer de vie, se contentaient de venir s’y refaire une santé physique. Administré par les religieuses de la Visitation et dirigé de main de maîtresse par la mère Anne-Marie Bollain, cet établissement de retraite était fort spartiate.

— Voilà qui est propice à la méditation ! s’exclama Mme de Gramont, ravie, en introduisant « sa livraison » dans la cellule qui lui était réservée.

Une



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